Dans l’épisode #4 de cette série, nous avons enfin débusqué les responsables de la difficulté du MANAGEMENT = LES ÉMOTIONS.
Il me semble important de mettre en lumière leur rôle, les difficultés qu’elles peuvent occasionner et dans laquelle elles peuvent nous maintenir. (Ah ! les fourbes !)
#1 Contexte et rappels:
J’ai le sentiment que ce sujet est sur-traité. Pourtant, le point commun de tous mes accompagnements est la difficile gestion des invasions quotidiennes de nos émotions.
Par souci de clarté, je ne vais qu’évoquer celles qui envahissent notre espace professionnel.
Mais il est nécessaire de faire un petit tour dans notre enfance pour bien comprendre la relation névrosée que nous entretenons avec nos émotions et celles des autres. Depuis notre plus jeune âge, nous recevons des messages du genre « ne pleure pas ! » « arrête de te mettre en colère ! », « pourquoi tu t’énerves ? » « mais ne soit pas triste », « ne prend pas cet air dégouté ! ». Il devient alors très clair que la peur, la colère, la tristesse, le dégoût ne sont ni bienvenues, ni bénéfiques…
Or il est essentiel d’avoir conscience que nos émotions sont une « réaction » chimique, physique que l’on ne peut PAS contrôler. Elles surviennent pour nous signaler qu’il y a une action à prévoir pour gérer un déséquilibre. Et si elles se rendent compte que les messages « sympas » qu’elles envoient sont ignorés alors elles vont trouver le moyen de se faire entendre : « quand on ne m’écoute pas je trouve un autre moyen : débrancher la prise ! » ce qui peut ressembler à une irritation chronique, une fatigue générale dont ni les vacances, ni les week end ne viennent à bout, des maux de tête, dans la nuque, dans le bas du dos, d’estomac, des irritations cutanées, ou des troubles de la vision, et puis un jour impossible de sortir de son lit, de sa voiture…
#2 Pour résumer:
Maintenant que tout le monde a compris que
A/ les émotions sont automatiques et nous concernent TOUS,
B/ qu’elles assurent toujours notre survie
C/ qu’elles sont des alliées plus que des phénomènes à fuir
alors je vous propose d’explorer des possibilités de leur redonner la place qu’elles doivent occuper dans nos quotidiens. Cela est possible, si et seulement si on apprend à les gérer.
J’insiste sur cette dimension de l’apprentissage, car piloter son processus émotionnel est une compétence qui se développe ce qui suppose de 1/ comprendre, 2/ tester, 3/ pratiquer, 4/ réajuster sa compréhension à l’épreuve du test et de la pratique 5/ re pratiquer, 6/ re re pratiquer, 7/ ajuster, 8/ accepter une part d’aléatoire liée à l’inconnu.
Comme un schéma vaut mille mots :
« Ripple effect »
#3 Quel lien avec le management ?
Pour le dire aussi avec des mots, un peu comme un parent dans la « team famille », dans une équipe de travail le manager est la « figure d’autorité » et ceci est vrai même si la culture managériale est très participative. Par conséquent l’état émotionnel du manager va déteindre puissance 10 sur l’équipe (#contagionemotionnelle), si l’émotion n’est pas pilotée alors cela donne lieu à des environnements de travail où l’ambiance dominante est la méfiance, l’insécurité, le repli sur soi.
Piloter son processus émotionnel est un exercice qui consomme de l’énergie en début de pratique, mais l’entrainement sert à cela : développer des routines qui permettent d’assumer l’inattendu, l’inconnu, …
Je l’ai dit précédemment mais la prise de conscience est vraiment la première étape : prendre 5 secondes pour constater qu’il se passe quelque chose. Puis reprendre 5 secondes pour trouver le déclencheur de l’émergence de l’émotion.
La seconde étape est de décrypter le type d’émotion (colère, peur, …) :
ce n’est pas évident de caractériser l’émotion, et il est parfois utile de regarder l’environnement de l’émotion : ex : « je trouve cette remarque injuste, je me suis beaucoup investi.e et personne ne le voit, je suis frustrée ». Il y a dans cet exemple quelques indices qui mettent sur la voie de l’émotion dominante = la colère.
La troisième étape va consister à identifier le comportement associé. ex : « je boude et à partir de maintenant je ferais le minimum »; souvent avec cette étape il est bien d’associer l’observation de l’effet produit par le comportement sur l’entourage.
Donc si on est manager, que l’on ne mesure pas que son comportement de manager a un effet direct sur les individus de son équipe et donc sur le collectif tout entier : AÏE !
Et si l’on n’a pas appris à porter une vraie attention à son processus émotionnel alors on n’a pas appris non plus à comprendre les autres. Et on se sent souvent bien encombré avec des émotions trop fortement (et quelque fois maladroitement) exprimées.
Est-il nécessaire de rappeler que l’être humain est d’abord un être irrationnel puis un peu rationnel ?
Il est beaucoup question d’intégrer la confiance, de créer les conditions de la sécurité pour que les collectifs fonctionnent bien, et je suis très en phase avec cela, mais concrètement comment on fait ?
Je pense que le tout premier pas est que le manager soit le promoteur de l’expression de l’émotion. « En ce moment je me pose des questions sur…, je crains que ma décision…, je suis inquiet de… », ce faisant le manager signale que c’est possible de se sentir « fragile » si c’est à cela qu’il faut associer une émotion dite négative. Il donne surtout des clés de compréhension de son comportement (une humeur un peu plus grise, un manque de disponibilité, …) et il endigue la spirale infernale des interprétations (ou plus communément des bruits de couloirs) alimentés par des esprits créatifs.
Je suis sure qu’il vous est déjà arrivé d’être dans une salle de réunion où l’ambiance change radicalement quand quelqu’un rentre dans la pièce. Pourtant elle n’a pas prononcé un mot… Voilà une autre donnée à ne pas négliger : les émotions passent en WIFI, sauf que dans ce cas là on décrypte souvent mal le message. C’est pour cela que verbaliser l’émotion est une responsabilité de manager. Et cette responsabilité s’étend à accompagner la verbalisation des émotions par les membres de l’équipe (individuellement ou collectivement) en fonction du besoin, de la situation.
Une émotion, une fois verbalisée, baisse en intensité ; ce qui ouvre le chemin de la conscientisation, de la prise de recul, pour nous permettre d’entrevoir une façon de traiter le sujet qui déclenche ladite émotion.
J’ai la conviction forte que s’il y a UNE compétence que les personnes en responsabilité managériale doivent développer c’est PILOTER LE PROCESSUS ÉMOTIONNEL.
Un coach peut vous aider sur ce sujet. Dans un cadre de sécurité, il accompagne le décryptage, facilite la verbalisation, et encourage les tests et mises en pratique. Le coach crée les conditions de la confiance, ces mêmes conditions que tous les jours les managers devraient cultiver en partenariat avec les membres de l’équipe. La prise de responsabilité collective, le sentiment de sécurité dominant sont des leviers forts de la motivation et de l’engagement ! Ce n’est pas un vain concept. Mais c’est une démarche ambitieuse et exigeante qui demande d’abord des efforts.
J’invite chacun et chacune à se lancer, dans l’environnement qui apparait le plus favorable, et tester, puis observer ce qui se produit.
Bel été.
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